Envoi de troupes en Ukraine : que dit-on en Allemagne et en Pologne de la nouvelle sortie d'Emmanuel Macron ?

par TD
Publié le 17 mars 2024 à 13h30

Source : TF1 Info

À la suite d'un sommet avec Olaf Scholz et Donald Tusk, Emmanuel Macron a réitéré sa position sur l'envoi possible de troupes en Ukraine.
Un sujet de crispation majeur avec Berlin, que ne manquent pas de commenter les médias allemands et polonais.
Derrière l'unité de façade affichée par les dirigeants des trois pays, la presse met en avant une série de divergences sur le fond comme sur la forme.

Vendredi, le président Macron a voyagé à Berlin pour retrouver ses homologues allemands et polonais, Olaf Scholz et Donald Tusk. Une rencontre centrée sur le conflit en Ukraine et sur la réponse commune apportée par les pays membres de l'UE et de l'Otan. Si les trois dirigeants ont affiché en public leur unité et assuré qu'ils partageaient une vision commune, le chef de l'État a réitéré sur le chemin du retour des déclarations qui avaient récemment fait polémique. "Peut-être qu'à un moment donné – je ne le souhaite pas, n'en prendrai pas l'initiative – il faudra avoir des opérations sur le terrain, quelles qu'elles soient, pour contrer les forces russes", a-t-il confié au Parisien dans l'avion qui le ramenait de la capitale allemande, laissant ainsi sur la table un possible envoi de troupes en Ukraine. Un discours qui n'a pas échappé à la presse, de Berlin à Varsovie.

Des divisions laissées de côté en public

"Aujourd’hui, Paris semble être à l’avant-garde pour aider l’Ukraine à se défendre contre l’agression russe", glisse dans ses colonnes le quotidien polonais libéral-conservateur Rzeczpospolita. Un nouveau statut puisque "par le passé, le président français a été critiqué à plusieurs reprises pour avoir appelé le dirigeant russe" et avoir cherché à maintenir un dialogue continu avec Moscou. L'hebdomadaire Do Rzeczy, basé dans la capitale polonaise, estime pour sa part, que Paris et Varsovie affichent des positions plutôt similaires : "Bien que le Premier ministre Donald Tusk ait annoncé que la Pologne n'avait pas l'intention d'envoyer des troupes en Ukraine, le ministre des Affaires étrangères Radosław Sikorski a déclaré que 'la présence des forces de l'OTAN en Ukraine n'est pas impensable'", rappelle le journal.

Le sommet du "Triangle de Weimar" entre Allemagne, France et Pologne – ainsi surnommé dans les médias – était-il une erreur ? C'est ce que demande ce weekend le quotidien polonais de droite Dziennik. Une question qui fait écho aux réactions de la diplomatie italienne en marge de cette rencontre. L'article mentionne ainsi le fait que Rome ait réaffirmé n'envisager en aucun cas l'envoi de soldats sur le sol ukrainien. Une position qui tranche avec celle affichée par Paris et qui renvoie l'image d'une Europe divisée.

Outre-Rhin, on s'étonne également des propos réitérés par Emmanuel Macron. La chaîne allemande Mitteldeutscher Rundfunk constate que durant le sommet à Berlin, il était surtout question "d'afficher des convergences, en évitant les 'si' et les 'mais'". Le besoin d'une unité de façade, donc, que "Scholz, Tusk et Macron ont évidemment compris". Leur apparition commune, résume le média, "s'est montrée claire, nette et sans grande fanfare. Les sujets prêtant à controverse ont été laissés de côté publiquement".

Une phrase du président de la République est reprise très largement chez nos voisins. "Je n’ai jamais eu de problèmes avecle chancelier", s'était défendu Emmanuel Macron. Une sortie analysée comme une tentative d'apaisement par le Berliner Zeitung, alors que le président français avait "mis de l'huile sur le feu" la veille de sa venue à Berlin. Il avait en effet accordé "une longue interview à la télévision pour exiger à nouveau la livraison des missiles Taurus à l'Ukraine par l'Allemagne".

Le Spiegel, dans ses colonnes, estime enfin que le chancelier Scholz a forcé sa nature à Berlin. À la fin du sommet, quand les trois dirigeants se sont présentés devant la presse, ils se sont en effet tenus par la main pour afficher leur unité. "Cela n'a de toute évidence pas été le moment le plus agréable pour Olaf Scholz", glisse le journal, rappelant que le social-démocrate allemand est "plutôt étranger" des "manifestations physiques de familiarité". Pourtant, dans le contexte actuel, le successeur d'Angela Merkel "mesure combien une telle image se révèle importante". Le Spiegel conclut en rappelant qu'une nouvelle réunion du Conseil européen est prévue sous peu, et que de nouveaux différents pourraient réapparaître. On pressent ainsi outre-Rhin qu'Emmanuel Macron va remettre sur la table l'idée d'une "dette commune de l’UE afin de financer un réarmement en Europe". Une volonté accueillie avec froideur en Allemagne, où le respect d'une forme de rigueur budgétaire est généralement mise en avant.


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