L'existence du 8 mai comme jour férié et chômé, en commémoration de la fin de la Seconde Guerre mondiale, semble aujourd'hui un acquis de longue date.
Il n'en n'a pourtant pas toujours été ainsi depuis la fin du conflit, son statut évoluant au gré des changements de dirigeants.

Depuis plusieurs dizaines d'années, le 8 mai est férié et chômé dans l'Hexagone en commémoration de la fin de la Seconde Guerre mondiale. À cette date, les Français célèbrent ainsi la victoire des Alliés dans le conflit.  En réalité, l'acte de capitulation des troupes allemandes a été signé le 7 mai 1945 à Reims, sous la houlette du général Eisenhower. Mais il a officiellement - et définitivement - été ratifié dans la nuit du 8 au 9 à Berlin. Malgré son importance sur le plan symbolique, cette célébration a connu de nombreux rebondissements. "Dès l'origine, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond avec", résume l'historien André Kaspi, dans les colonnes du Parisien.

Premier dimanche de mai

Dès 1946, la question d'une potentielle commémoration du 8 mai se pose au plus haut sommet de l'État. L'Assemblée constituante, qui planche alors sur une nouvelle constitution pour remplacer celle de la IIIe République, tranche par une loi. Ce premier texte introduit des commémorations dont la date "sera fixée le 8 mai de chaque année, si ce jour est un dimanche, et dans le cas contraire, le premier dimanche qui suivra cette date". Autrement dit, les célébrations ont, dans un premier temps, eu systématiquement lieu un dimanche (le 12 mai en 1946 par exemple). L'objectif était de ne pas enrayer les efforts de reconstruction en ajoutant, dans le calendrier, un jour non travaillé supplémentaire. 

Très brièvement un jour férié et chômé

Il faut attendre 1953 pour que cette date devienne fériée et chômée. Un régime de courte durée puisqu'en 1959, Charles de Gaulle y met fin dès son arrivée au pouvoir. La raison invoquée est toujours la même : restreindre le nombre de jours fériés pour maximiser la productivité économique. "La commémoration à la date du 8 mai aboutit à multiplier le nombre de jours fériés durant le courant de ce mois, au préjudice non seulement de l'activité nationale, mais aussi de certaines catégories de travailleurs", justifie ainsi le décret, rédigé par Michel Debré. Aux yeux du nouveau président de la République, des événements comme l'Appel du 18 juin ou la libération de Paris (le 25 août 1944) comptaient davantage. Le succès militaire des alliés est, à partir de ce moment-là, célébré le deuxième dimanche de mai. 

Priorité à la construction européenne !

En 1975, Valéry Giscard d'Estaing remet une pièce dans la machine. Il décide d’abandonner cette date pour en privilégier une autre, le 9 mai. Il veut, cette fois, faire référence au discours de Robert Schuman lançant la construction européenne et lors duquel la France tend la main à l’Allemagne (9 mai 1950). Dans cette même logique de réconciliation avec Bonn (capitale de l'Allemagne de l'Ouest), le chef d'État français décide que les deux guerres seront commémorées le 11 novembre. 

Beaucoup de commentaires portaient sur l'écrasement de l'adversaire
Valéry Giscard D'Estaing

"J'ai été frappé de voir que beaucoup de commentaires portaient sur la guerre, portaient sur la victoire, sur l'écrasement des adversaires, c'est-à-dire précisément sur ces démons que nous avons le devoir de faire disparaître de l'Europe d'aujourd'hui", met-il en avant. "C'est avec une profonde satisfaction que j'ai pris connaissance de votre décision ne plus célébrer à l'avenir l'anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Votre décision pourrait donner un nouvel élan pour l'accomplissement de l'œuvre d'unification européenne", se réjouit Walter Scheel, président allemand de l'époque, lors de sa venue à l'Élysée en 1975. 

Et finalement...

Face à la colère populaire, et plus particulièrement celle des associations d'anciens combattants, François Mitterrand redonne rapidement au 8 mai son caractère férié. Ce revirement est entériné en septembre 1981 par un vote de l'Assemblée nationale. "Le 8 mai sera une fête internationale de la liberté et de la paix à laquelle participeront les anciens combattants, les associations de jeunesse et d'Éducation nationale", précise Jean Laurain, alors ministre des Anciens combattants. 

Le 9 mai est lui, officiellement, "Journée de l’Europe" depuis 1985. Un ultime changement qui n'a, depuis, plus fait l'objet de nouvelles modifications. 


Maxence GEVIN

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